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Gendarmes Didier Curot et Thierry Esnault, assassinés en service commandé à l'âge de 32 et 31 ans. Alors qu'ils intervenaient pour ce qui semblait être une altercation sur une propriété privée, ont été pris dans un guet-apens tendu par un individu armé déjà auteur d'un triple assassinat. Sont tombés sous les balles au cours d'une fusillade, Victimes du Devoir. |
Le 05 août 1997 vers 17 heures 45, un habitant de Saint-Didier (35) téléphone à la Gendarmerie et signale une altercation dans le jardin d'une maison voisine. En réalité, un drame d'une rare violence vient de se dérouler dans ce village d'environ 1300 habitants.
À l'origine de plusieurs interventions par le passé, Joseph Allain (55 ans) ne supporte pas sa rupture avec Solange Brillet (35 ans). Très jaloux et possessif, il l'harcèle depuis plusieurs jours et celle-ci a porté plainte contre lui peu avant les faits. Ce 05 août, Solange Brillet a invité chez elle ses parents, sa sœur et son frère. La famille est attablé dans le jardin quand Allain, qui était passé une première fois 45 minutes auparavant, revient armé d'un fusil de chasse devant la maison de son ex-compagne. Faisant irruption dans le jardin en hurlant, l'individu est bien décidé à assassiner tout le monde. Qu'importent les supplications de Marguerite Brillet pour que son fils Patrick (25 ans), handicapé et cloué dans un fauteuil roulant à cause d'un accident de la route, soit épargné. Allain ôte successivement la vie des parents et du frère de Solange. Jules Brillet, Marguerite Brillet et Patrick Brillet sont tous les trois exécutés d'une décharge de chevrotine en pleine tête. Bien que gravement blessée, Solange et sa sœur Sylvie parviennent à s'enfuir pour se réfugier chez des voisins. Au même moment une patrouille de Gendarmerie, composée de l'Adjudant Gérard Le Ber ainsi que des Gendarmes Thierry Esnault et Didier Curot, entre dans le hameau. Les témoins contactent à nouveau la Gendarmerie, expliquant avoir entendu des coups de feu et des cris chez leur voisine mais l'équipage intervenant ne peut malheureusement pas être prévenu à temps. Les Gendarmes Esnault et Curot se rendent directement à l'adresse indiquée tandis que l'Adjudant Le Ber s'arrête un peu avant pour prendre contact avec les voisins et obtenir plus de renseignements.
Arrivés sur les lieux, les Gendarmes Esnault et Curot aperçoivent l'homme non armé, calme et figé au bout d'une petite allée. Les deux sous-officiers, qui n'ont alors pas connaissance du récent carnage, vont à sa rencontre sans précaution particulière. Ayant préparé une véritable embuscade, le criminel se jette sur un bosquet pour récupérer son fusil qu'il avait caché, ouvrant aussitôt le feu. Mortellement atteint par 9 grains de plomb au thorax, le Gendarme Esnault s'écroule sans avoir eu le temps de sortir son arme. Le Gendarme Curot dégaine son arme, riposte sans succès au jugé puis tente de se mettre en protection derrière le véhicule sérigraphié. Il n'aura pas le temps de le faire, il s'effondre à son tour, mortellement atteint dans le dos par une seconde décharge de chevrotine. Commençant à peine d'interroger les voisins, l'Adjudant Le Ber entend les coups de feu et il se précipite immédiatement vers ses camarades. À court de munitions et mis en joue par le gradé, l'assassin lâche son arme puis fait mine de se rendre. Alors qu'il est sur le point d'être menotté, ce dernier exhibe un couteau jusqu'ici dissimulé et bondit sur le dernier militaire. Après une lutte acharnée, l'Adjudant Le Ber parvient à se dégager et à neutraliser son agresseur d'une balle dans l'abdomen.
Soumis à une prise de sang trois heures après les faits, le tueur présente 1,60 gramme d'alcool par litre. On retrouvera 335 000 francs en liquide dans son véhicule, ce qui laisse à penser qu'il avait un plan de fuite. Jugé devant la Cour d'Assises d'Ille-et-Vilaine en septembre 2001, Allain est condamné à la réclusion criminelle dite à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 20 ans. Le verdict est confirmé en appel 1 an plus tard. L'assassin est également condamné à verser 900 000 euros aux parties civiles. Avec une fortune estimée à près de 1 270 000 euros, il organise son insolvabilité en prison avec l'aide d'un codétenu et de trois personnes extérieures. Jugé pour cela devant un tribunal correctionnel en janvier 2012, il recevra 18 mois de prison ferme supplémentaires. Jugé en appel en novembre 2014, Jean-Yves Lemétayer, notaire complice, est quant à lui condamné à 1 an de prison avec sursis, 3 ans d'interdiction d'exercer ainsi que 3000 euros d'amende contre 10 mois avec sursis en première instance.
Le Gendarme Thierry Esnault était affecté à la Brigade Territoriale de Châteaubourg. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire, la Médaille de la Gendarmerie et la Médaille d'Honneur pour Acte de Courage et de Dévouement (échelon or). Marié et père d'un enfant âgé de 4 ans, il avait 31 ans.
La 37ème promotion de sous-officiers de Gendarmerie de l'école de Châteaulin (2012) porte le nom du GND Esnault.
Né le 22 août 1964 à Chartres (28), le Gendarme Didier Curot était également affecté à la BT de Châteaubourg. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire, la Médaille de la Gendarmerie et la Médaille d'Honneur pour Acte de Courage et de Dévouement (échelon or). Marié, père de deux enfants âgés de 2 et 5 ans, il avait 32 ans.
La 38ème promotion de sous-officiers de Gendarmerie de l'école de Châteaulin (2012) porte le nom du GND Curot.
La caserne abritant la BT de Châteaubourg porte également leur nom depuis 2019. À cette occasion, le Colonel Le Masle témoigne, celui-ci étant à l'époque sous-officier et commandant adjoint de la brigade. Hors service le jour des faits, il apprend la mort de ses camarades au journal télévisé, tout comme les épouses de ces derniers : « C’était le KO, la vie s’est arrêtée pendant plusieurs semaines à Châteaubourg. Plus tard, des statistiques ont montré qu’il y avait eu moins de vols, moins de cambriolages. Des délinquants que l’on avait interpellé sont même venus nous voir pour nous apporter leur soutien ». Déstabilisée, la BT de Châteaubourg voit partir ses éléments, mutés à leur demande vers d’autres unités. Comme lui, les Gendarmes Esnault et Curot avaient des enfants en bas âge se souvient l'officier : « Ils jouaient ensemble. On a partagé des soirées grillades avec nos camarades. La communauté gendarmique, c’est une petite famille. Au début, ça n’a pas été toujours évident d’en parler. Je découpais tous les articles de presse [parlant des procès du tueur] ». Désormais affecté à Cayenne (Guyane), Hervé Le Masle dira : « Aujourd’hui, tout le monde porte un gilet pare-balles [les gilets pare-balles individuelles n'arriveront qu'en 2001]. Quand je dirigeais mes hommes, je m’imposais qu’ils ne partent pas sans protection. Ça m’a guidé dans mon action ».
(merci de me contacter si vous avez plus d'informations à ce sujet)