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Georges Moulié, Daniel Leroy, Jean Zawadzki et Edmond Dujardin 22 avril 1988

De gauche à droite : Adjudant-Chef Georges Moulié, Gendarme Jean Zawadzski,
 Gendarme Daniel Leroy et Gendarme Edmond Dujardin, tués en service
 commandé à l'âge de 53, 39, 36 et 32 ans. La caserne où ils se trouvaient
 ayant été attaquée par plusieurs dizaines d'individus armés, les Gendarmes
 Zawadzki et Dujardin sont tombés sous les balles en tentant de la défendre
 tandis que, non armés, l'Adjudant-Chef Moulié et le Gendarme Leroy
 sont froidement exécutés en essayant de raisonner les assaillants.
 Ont été emportés Victimes du Devoir.

Le vendredi 22 avril 1988 peu avant 08 heures à Fayaoué (Nouvelle-Calédonie), le Maréchal des Logis-Chef Jean-Paul Lacroix (35 ans) sort de son domicile pour prendre son service. Devant les locaux de son unité se trouvent quatre hommes kanak, indépendantistes et membres du FLNKS. Ces derniers discutent avec le Gendarme Samuel Ihage (28 ans), également kanak. Le MDC Lacroix, qui connait bien ces personnes, les salut et discute quelques secondes avec eux. Des plaisanteries sont même échangées. Le commandant d'unité rejoint ensuite un bureau où se trouvent le Lieutenant Jean Florentin ainsi que les Gendarmes Dujardin, Alengrin et GuichardLe MDC Lacroix constate alors que trois personnes l'ont suivi à l'intérieur des locaux, il s'étonne : « Il y a bien du monde dans ce bureau ! ». Immédiatement, deux des hommes le ceinture et le menace avec un couteau : « si tu bouges, je te tue, vous êtes nos prisonniers ! ». Le sous-officier tente de se dégager pour saisir son arme et une lutte s'engage jusqu'à l'extérieur du bureau où le Gendarme Ihage tente d'aider son camarade en sautant dans la mêlée. D'autres indépendantistes arrivent alors en nombre pour maîtriser les deux militaires. Ce sont finalement une cinquantaine d'individus, équipés d'armes à feu ou d'armes blanches, qui investissent le terrain militaire. Le Gendarme Alengrin reçoit du gaz lacrymogène tandis que dans le même temps, un homme fonce sur le Lieutenant Florentin qui dégaine son arme et tire un coup de feu, blessant celui qui lui assène presque simultanément un coup de hachette à la tête. Plusieurs personnes s'acharnent ensuite sur l'officier, le lynchant à coups de pieds, à tel point qu'on le croit mort. Assistant à une partie de la scène, le Gendarme Edmond Dujardin parvient à s'esquiver du bureau par la porte de derrière. Il n'est pas armé et il veut retourner à son logement distant de quelques mètres pour aller chercher une carabine qu'il détient. Alors qu'il ressort de chez lui, le Gendarme Dujardin est atteint par une première balle qui vient lui arracher le poignet puis par une seconde qui le frappe mortellement en pleine poitrineDu côté opposé de la cour, le Gendarme Jean Zawadzki vient de récupérer un Famas à l'armurerie lorsque, sortant tout juste du bâtiment, il est mortellement atteint d'une balle en pleine tête.

Alors que plusieurs coups de feu retentissent, le MDC Lacroix profite d'un moment d'inattention de ses geôliers pour se précipiter vers la radio, donnant l'alerte. Rapidement encerclés, la plupart des gendarmes n'opposent pas de résistance dans la mesure où aucun d'eux n'est armé comme l'imposait le règlement. Ils sont contraints de se coucher au sol. Réfugiés dans l'armurerie, les derniers gendarmes restants acceptent la reddition après que les preneurs d'otages aient menacé d'exécuter leurs camarades. À cet instant, l'Adjudant-Chef Georges Moulié se relève et exige le départ immédiat des agresseurs. Le Gendarme Daniel Leroy, les mains en l'air et à genoux, tente quant à lui de raisonner les hommes les plus menaçants, plaidant pour éviter de nouvelles victimes. Alors que la situation est pleinement maîtrisée par les assaillants, un individu cagoulé s'approche et tire à bout portant sur les deux sous-officiers qui ont osé prendre la parole. Le Gendarme Leroy est mortellement atteint d'une décharge de chevrotine dans le thorax tandis que l'Adjudant-Chef Moulié est très gravement atteint à l'arrière de la tête. 27 gendarmes sont menottés par le commando qui récupère les armes de l'armurerie et une partie du matériel militaire.

Un convoi, scindé en deux groupes, quitte la brigade peu après. L'un, constitué de 11 otages, prend la direction du sud de l'île. L'autre, constitué de 15 otages, prend la direction du nord de l'île. Les autorités en sont rapidement informées. De nombreux gendarmes sont envoyés sur l'île d'Ouvéa. Sur le lieu de l'attaque, on trouve le Lieutenant Florentin, dont l'état est très grave, l'Adjudant-Chef Moulié, qui a déjà sombré dans un profond coma, ainsi que les corps sans vie des Gendarmes Dujardin, Zawadzki et Leroy. Héliporté vers un hôpital de Sydney (Australie), l'Adjudant-Chef Moulié succombera à sa blessure dans la journée du 24 avril 1988 tandis que le Lieutenant Florentin survivra.

Désemparés, les renforts cherchent à savoir où sont retenus les otages. La population est muette. Deux détachements sont rapidement formés, l'un va au sud l'autre au nord. La progression vers le nord s'avère très difficile : les routes sont barrées par des troncs de cocotiers volontairement abattus. Une partie de la population affiche ouvertement son hostilité et les forces de l'ordre essuient même des coups de feu. Vers le sud, les choses vont en revanche prendre une tournure bien différente. Si la population de Mouli refuse de coopérer et de fournir le moindre renseignement, elle est cependant inquiète, dépassée par l’ampleur des événements. Les preneurs d'otages menés par Chanel Kapoeri sont beaucoup moins déterminés que ceux du nord. Le 25 avril 1988 en début de matinée, les 11 otages du sud, qui avaient été entraînés dans un abri caverneux cerné par la forêt, sont relâchés après des négociations avec les chefs de tribus. À l’autre extrémité de l’île, les preneurs d’otages menés par le militant Alphonse Dianou sont malheureusement dans un tout autre état d’esprit.

Le lieu où les otages du nord sont retenus est toujours inconnu lorsque le GIGN et l'EPIGN débarquent sur l'île d'Ouvéa. Le 25 avril toujours, face à la situation incertaine au nord, la décision est prise par le gouvernement de retirer à la Gendarmerie la conduite des opérations et de la confier à l’Armée de Terre. Le Général de Brigade Jacques Vidal s'en voit confié la responsabilité. Plusieurs centaines de militaires sont envoyés sur l'île fin avril 1988. Les militaires tentent d'obtenir des renseignements auprès de la population durant plusieurs jours, sans succès. Le lieu où sont retenus les otages du nord est finalement trouvé dans l'après-midi du 26 avril 1988 par le Lieutenant Destremau (Armée de Terre), accompagné d'un habitant kanak et de deux gendarmes du GIGN. Les deux gendarmes et l'habitant iront rejoindre les otages sous la menace des armes. Un gendarme gravement malade est relâché par les preneurs d'otages et, peu de temps après, le jeune local ayant guidé le Lieutenant Destremau est également relâché.
Adjudant Régis Pedrazza (en haut) et
Soldat Jean-Yves Véron (en bas), tués
 en service commandé à l'âge de 32 et
 19 ans.
 Militaires du 11ème RPC engagés
 sur les opérations d'Ouvéa, sont tombés
 sous les balles au cours de l'assaut pour
 libérer la vingtaine de gendarmes retenus
 en otages. Victimes
 du Devoir, ont été
 décorés à titre posthume de la Médaille
 Militaire, de la Médaille de la Gendarmerie
 et de la Croix de la Valeur Militaire
 (avec palme de bronze).

Tentant de négocier avec les individus, le Substitut du Procureur à Nouméa Jean Bianconi, le Capitaine Legorjus, 5 sous-officiers du GIGN et le Gendarme Ihage (qui avait été relâché le 25 avril par le groupe du sud) sont également contraints, sous la menace des armes, de rejoindre les otages au fond de la grotte. Le Capitaine Legorjus ment à Alphonse Dianou en affirmant qu'il n'y a que 6 gendarmes avec lui. En réalité, ils étaient plus nombreux (le MDC Lacroix, qui était retenu au sud, était lui aussi présent). Le Capitaine Legorjus sera libéré le lendemain matin tandis que le Substitut Bianconi peut quant à lui quitter la grotte sous l'autorisation d'Alphonse Dianou (avec la menace d'abattre un otage au moindre problème). Après plusieurs allers-retours sur quelques jours, le magistrat parvient à introduire deux revolvers pour les donner à deux otages du GIGN.

La tentative de négociation laisse place peu à peu à la perspective d'une intervention. Les otages font régulièrement l'objet de menaces et reçoivent des coups de la part de certains indépendantistes. Alors que l'élection présidentielle approche, l'autorisation d'une intervention est donnée le 03 mai 1988 en fin de soirée. Le 05 mai 1988 au matin, le GIGN, l'EPIGN, le Commando Hubert (Marine Nationale) et le 11ème Régiment Parachutiste de Choc (Armée de Terre) lancent un assaut sur la grotte. L'utilisation d'un lance-flammes et de grenades lacrymogènes permet de prendre l'avantage. Les deux gendarmes du GIGN, à qui le Substitut Bianconi avait donné des revolvers, tirent à plusieurs reprises pour éloigner quelques uns des indépendantistes qui, semble-t-il, voulaient exécuter des otages au fond de la grotte. Un peu plus haut dans la grotte, d'autres otages sont utilisés comme boucliers humains. Durant le combat, l'Adjudant Régis Pedrazza (32 ans) et le Soldat Jean-Yves Veron (19 ans), tous deux militaires du 11ème de Choc, sont mortellement atteints par balles. Le Lieutenant Laurent Thimothée et le Gendarme Jean-Marie Grivel du GIGN, ainsi que deux autres militaires de l'Armée de Terre sont quant à eux grièvement blessésAprès 6 heures de combat en deux parties, les otages sont finalement libérés sains et saufs. 19 ravisseurs (sur 33), dont Alphonse Dianou et Wenceslas Lavelloi, meurtriers présumés des gendarmes, ont été tués. Le syndrome de Stockholm se manifeste chez plusieurs otages, retenus durant 2 semaines.

Dans les jours suivants, l'Armée et la Gendarmerie sont accusées d'exécutions sommaires et de non-assistance aux blessés sur 5 indépendantistes décédés (compris dans les 19 tués). Certains faits semblent avérés mais toutes les personnes impliquées (ravisseurs et militaires) seront amnistiées suite à des lois promulguées en 1988 et 1990, aucune d'entre elles ne fera ainsi l'objet de poursuites judiciaires.

Sans lien direct avec les événements d'Ouvéa, 7 gendarmes sont blessés, dont certains très gravement, dans des embuscades en Nouvelle-Calédonie entre le 22 avril et le 1er mai 1988.

Né le 17 juillet 1934 à Indre (44), l'Adjudant-Chef Georges Moulié affichait 3 ans de services dans l'Armée de Terre (11ème RCC) et 22 ans de services dans la Gendarmerie. Affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile 7/22 d'Antibes (06) depuis août 1978, il était détaché à la Brigade Territoriale de Fayaoué. Déjà décoré de la Médaille Militaire, il reçoit la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze) à titre posthume. À titre exceptionnel, il est nommé au grade de Capitaine. Marié, père de trois enfants dont un était gendarme au GIGN en 1988 (écarté des opérations d'Ouvéa), il avait 53 ans.

La 259ème promotion de sous-officiers de Gendarmerie de l'école de Châtellerault (1991) porte le nom du CNE Moulié.

Né le 13 août 1948 à Lomme (59), le Gendarme Daniel Leroy était affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile 2/5 de Villeneuve-d'Ascq (59) et détaché à la BT de Fayaoué. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). À titre exceptionnel, il est nommé au grade de Maréchal des Logis-Chef. Célibataire et sans enfant, il avait 39 ans.

Né le 19 février 1952 à Roubaix (59), le Gendarme Jean Zawadzki était affecté à l'EGM 2/5 de Villeneuve-d'Ascq et détaché à la BT de Fayaoué. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). À titre exceptionnel, il est nommé au grade de Maréchal des Logis-Chef. Marié et père de deux enfants, il avait 36 ans.

Né le 25 février 1956 à Chartres (28), le Gendarme Edmond Dujardin était sorti de l'ESOG de Montluçon (12ème promotion) et était affecté à la BT de Fayaoué. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). Marié et père d'un enfant, il avait 32 ans.

La 223ème promotion de sous-officiers de Gendarmerie de l'école de Montluçon (2000) porte le nom du GND Dujardin. La caserne de la BT de Nogent-le-Rotrou (28) porte également son nom.

Stèle commémorative apposée à la BT
  de Fayaoué (Nouvelle-Calédonie).

(merci de me contacter si vous avez plus d'informations à ce sujet)

Stéphane Chariot 08 mars 1988

Gendarme Stéphane Chariot, assassiné en service commandé
 à l'âge de 26 ans. Assigné à la surveillance de l'entrée d'une
 caserne de Gendarmerie, a été pris pour cible par un
 commando terroriste lié au nationalisme corse et
 
est tombé sous les balles, Victime du Devoir.
Le mardi 08 mars 1988 vers 13 heures à Ajaccio (2A), une voiture break de couleur blanche remonte la rue où se situe la porte arrière de la caserne Battesti*, siège de la Légion de Gendarmerie de Corse. À leur passage, les occupants du véhicule ouvrent le feu avec des armes automatiques. Au moins 17 impacts de balles seront relevés sur le mur d'enceinte. Le Gendarme Stéphane Chariot, qui contrôlait les entrées et régulait la circulation à cet endroit, s'écroule au bruit des rafales, très gravement atteint par 2 projectiles à l'abdomen. Avant la fuite, un élément du commando met pied à terre pour jeter une grenade défensive dans la caserne, laquelle blesse légèrement un enfant. Plusieurs patrouilles se lancent à la poursuite du véhicule des terroristes mais il est rapidement perdu de vue alors qu'une terrible méprise survient au même moment. Des gendarmes, persuadés d'être confrontés au commando, tirent à plusieurs reprises sur une Opel Ascona de couleur blanche qui circule à vive allure près de la caserne. Les deux hommes à bord du véhicule sont interpellés, heureusement indemnes, ces derniers n'étant pas les auteurs de l'attentat et leur seul tort étant d'avoir essayer de manière sportive un véhicule semblable à celui des terroristes. Évacué vers un hôpital de la ville, le Gendarme Chariot succombe à ses blessures dans la journée.

Le 10 mars 1988, la Citroën BX utilisée par le commando est retrouvée partiellement calcinée. Elle avait été volée peu avant les faits. Le 14 mars 1988, le FLNC revendique l'attentat. L
'enquête n'avancera pas pendant 10 ans, jusqu'en septembre 1998, quand la Police Nationale découvre des armes, des explosifs et des cagoules lors d'une perquisition. Quelques mois plus tard, Ange-Marie Orsoni (46 ans) est auditionné dans le cadre de cette affaire et en mai 2001, soumis à un prélèvement ADN, il apparait être le propriétaire d'un cheveu relevé en 1988 dans la Citroën BX. Mis en examen pour assassinat d'une personne dépositaire de l'autorité publique, il est placé sous contrôle judiciaire mais il décédera peu après de mort naturelle. Les assassins du Gendarme Chariot n'ont ainsi jamais été identifiés.

Né le 05 mai 1961 à Paris (75), le Gendarme Stéphane Chariot affichait 6 ans de services. Sorti de l'ESOG de Montluçon (61ème promotion), il était affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile 1/24 d'Ajaccio depuis octobre 1982. Spécialisé dans le secours en montagne, il avait participé à de nombreuses opérations de sauvetage. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie. Marié, père d'une fille âgée de 2 ans et d'une seconde qui naîtra après son décès, il avait 26 ans.

La 150ème promotion de sous-officiers de Gendarmerie de l'école de Montluçon (1990) porte le nom du GND Chariot.

*Le Général de Brigade Jules Battesti (GN), 56 ans, fut tué à l'ennemi durant la première guerre mondiale.


(merci de me contacter si vous avez plus d'informations à ce sujet)