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Dany Luczak 20 septembre 1977

Gendarme Dany Luczak, tué en service commandé à l'âge
 de 21 ans. En surveillance générale
, a pris position à un
 carrefour pour intercepter un véhicule impliqué dans un
 délit de fuite après accident matériel. Confronté sans le
 savoir à des malfaiteurs
 auteurs d'un braquage de
 banque, a été pris sous un déluge de feu.
 Multiplement atteint sous les balles d'un
 criminel qui ôtera la vie à deux civils
 dans la foulée, a
 succombé près d'un
 mois
 plus tard, Victime du Devoir.
Le mercredi 24 août 1977 peu après 17 heures à Saint-André-Lachamp (07), une patrouille de Gendarmerie circule sur une petite route sinueuse au lieu-dit Charrus lorsqu'elle croise une Citroën DS survenant à vive allure. Un peu plus loin, un vacancier fait signe à l'équipage et explique que cette Citroën vient d'accrocher sa Peugeot 504 sans s'arrêter. Sachant que la route est un cul-de-sac, les deux gendarmes se positionnent au carrefour où l'impasse débouche sur la route départementale 450A et tentent d'établir une liaison radio afin de faire identifier l'immatriculation fournie par la victime du délit de fuite. La Citroën DS revient en sens inverse à cet instant et se stationne près de la Renault Estafette de Gendarmerie.

Les militaires ignorent que la DS a été dérobée sous la menace d'une arme le matin même à Anduze (30) et que ses deux occupants viennent de commettre un vol à main armée dans une agence Crédit Agricole de Villefort (48), raflant environ 40 000 francs. Armés d'un pistolet-mitrailleur MAS 38 de calibre 7,65 long, d'un fusil à canon scié de calibre 12 ainsi que d'un revolver de calibre 7,65 court, les malfaiteurs mettent pied à terre et des coups de feu claquent aussitôt. Monté à l'arrière de la fourgonnette pour utiliser la radio, le Gendarme Dany Luczak s’effondre dans l'habitacle, atteint de 6 balles à l'abdomen, à l'épaule et à la jambe. Le Gendarme Henri Klinz (25 ans) quitte le siège conducteur et dégaine son arme tout en se mettant à couvert derrière le véhicule sérigraphié qui est criblé de projectiles. Échappant de peu aux tirs qui fusent près de lui, il n'a pas vu son camarade tombé et il est contourné par l'un des deux tireurs qui essaye de l'exécuter d'une rafale dans le dos mais dont le PM s'est en fait enrayé. Tenu en joue de chaque côté et sommé de ne plus bouger, le Gendarme Klinz comprend qu'il est désormais seul et contraint de se laisser désarmer. Le chef du duo remonte en voiture tout en ordonnant à son comparse d'achever le militaire. Traversé par un éclair de lucidité, l'homme désigné décide de simuler le meurtre, tirant à côté et permettant au sous-officier de sauter dans le talus pour sauver sa vie.

Les malfaiteurs repartent. Tandis que le Gendarme Klinz transporte le Gendarme Luczak à la brigade locale, l'équipée folle continue elle sa route à travers la campagne avant d'être ralentie à Ribes (07) par la 504 accrochée un peu plus tôt. Fou de rage, le conducteur de la DS percute volontairement la 504 puis tente d'écraser l'automobiliste qui en sortait médusé, le blessant grièvement. Abandonnant la DS en panne d'essence, les bandits dérobent une Peugeot 204 à Prunet (07) en expulsant son propriétaire. À Meyras (07), les criminels amorcent un demi-tour face à un barrage de Gendarmerie établi sur la route nationale 102. S'abstenant d'ouvrir le feu face à la densité de la circulation, les gendarmes partent à la poursuite du véhicule en fuite sans pouvoir le rattraper. Sur la route des Niègles à Pont-de-Labeaume (07), la 204 volée entre en collision avec une Renault 12 montée par Roland Malosse (21 ans) et Michel Veyrenc (21 ans), deux habitants de la région. Sommés de lever les mains en l'air, les deux amis obéissent mais Cyprien Malosse (54 ans), qui suivait son fils Roland, surgit dans la foulée au volant d'un autre véhicule. Le meneur ne veut pas perdre de temps, il s'approche du père et tire impitoyablement avec son revolver, l'exécutant de deux balles dans la tête à bout portant. Son fils Roland tente courageusement de s'interposer lorsqu'il est à son tour exécuté d'une balle dans la tête. Michel Veyrenc parvient lui à s’échapper en courant bien qu'également visé par les tirs. Les fugitifs s'emparent du véhicule de leur première victime et parviennent à disparaitre, les gendarmes arrivés sur place peu après étant bloqués par les voitures accidentées sur l'étroit chemin. Le dernier véhicule volé sera retrouvé à Saint-Julien-Chapteuil (43). Évacué vers un établissement d'Aubenas (07) avant d'être héliporté vers un hôpital de Montpellier (34), le Gendarme Luczak décède des suites de ses blessures 27 jours plus tard, le 20 septembre 1977.

L'enquête est confiée à la SRPJ de Montpellier qui identifiera rapidement Pierre Conty (31 ans) et Stéphane Viaux-Peccate (26 ans), membres d'une communauté anarchiste de quelques dizaines de personnes installée à Chanéac (07) depuis 1969 et qui avait attiré l'attention des autorités après plusieurs plaintes. Jean-Philippe Mouillot (25 ans), complice présent lors du braquage de Villefort, était quant à lui parti seul de son côté pour récupérer une autre voiture qui devait servir à assurer, depuis Saint-André-Lachamp, la fuite de la bande. En octobre 1977, Viaux-Peccate est interpellé par des policiers néerlandais et extradé vers la France après que les Pays-Bas aient fixé pour condition qu'il ne soit pas condamné à mort. En février 1978, Mouillot se constitue prisonnier.

Jugés devant la Cour d'Assises de l'Ardèche en mai 1980, Viaux-Peccate (qui a refusé d’achever le GND Klinz mais a tiré à plusieurs reprises) est condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour tentative de meurtre, complicité de meurtre et vol à main armée. Il sera libéré en 1992. Mouillot écope de 5 ans pour complicité de vol à main armée. Conty, déjà connu de la Justice à au moins 19 reprises notamment pour des affaires de vols, violences et menaces avec arme, sera quant à lui condamné par contumace à la peine de mort (commuée en réclusion criminelle à perpétuité en 1981). Bénéficiant de liens étroits avec plusieurs membres du futur groupe terroriste Action Directe ainsi que d'autres éléments d'extrême gauche, il ne sera jamais retrouvé. En septembre 1980, cinq personnes sont jugées devant le Tribunal Correctionnel de Privas (07) pour lui avoir apporté une aide dans sa cavale et tous seront condamnés à des peines de prison avec sursis sans inscription au casier judiciaire. Le 10 septembre 1982, à la suite d'une loi d'amnistie dont il ne bénéficiait pourtant pas, la fiche FPR de Conty est supprimée par la Justice et les recherches le concernant cessent alors. Les faits sont prescrits depuis mai 2000 et le triple meurtrier ne risque dès lors plus aucune poursuite pénale.

Né le 12 avril 1956 à Béthune (62), le Gendarme Dany Luczak était affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile 4/15 de Belley (01) et détaché en renfort estival à la Brigade Territoriale de Joyeuse (07). À titre posthume, il reçoit la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). L'un de ses frères cadets deviendra gendarme. Célibataire sans enfant, il avait 21 ans.

La 63ème promotion de sous-officiers de Gendarmerie de l'école de Montluçon (1982) porte le nom du GND Luczak.

(merci de me contacter si vous avez plus d'informations à ce sujet)
Sources :
-https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/ardeche/ardeche-il-y-40-ans-affaire-conty-1315039.html
-https://abonnes.lemonde.fr/archives/article/1980/05/24/une-peine-de-dix-huit-ans-de-reclusion-criminelle-et-une-de-cinq-ans-pour-les-complices-de-pierre-conty_2820653_1819218.html
-https://www.ledauphine.com/drome/2017/08/08/a-charrus-l-erreur-d-itineraire-qui-declenche-l-affaire-conty
-https://www.ledauphine.com/faits-divers/2013/08/06/le-fantome-de-pierre-conty
-https://www.crosdegeorand.fr/la-gazette/2017-1/klinz/
-https://www.lemonde.fr/archives/article/1977/09/21/mort-du-gendarme-blesse-par-les-tueurs-de-l-ardeche_2870665_1819218.html
-https://www.leprogres.fr/faits-divers-justice/2021/06/28/l-ex-gendarme-klinz-temoin-rescape-de-l-affaire-conty
-http://www.leparisien.fr/faits-divers/henri-klinz-survivant-des-tueurs-de-l-ardeche-temoigne-23-10-2017-7349145.php
-https://www.lamontagne.fr/puy-en-velay-43000/actualites/noelle-sarrola-raconte-comment-elle-a-aide-a-lepoque-le-tueur-fou-de-lardeche-a-quitter-la-france_12394344/
-https://www.lemonde.fr/blog/moreas/2018/04/29/lorsque-le-droit-sert-le-criminel/
- Livre "Mon témoignage sur l'affaire Pierre Conty / Le tueur fou de l'Ardèche" - Marueil Éditions - Auteurs : Henri Klinz et Jacques Dallest
- Livre d'or de la Gendarmerie année 1977

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