Dans la journée du 21 décembre 1959, des individus reviennent à la charge pour s'en prendre à un hôtel, reprochant à son personnel d'avoir appelé les forces de l'ordre suite à l'accident de la veille. Policiers et gendarmes retournent sur place, subissant des jets de projectiles avant de se retirer. Dans un soucis d'apaisement, les autorités ordonnent que seuls les policiers de la sécurité publique (qui ne sont pas formés au maintien de l'ordre mais dont la plupart sont natifs de Martinique) soient déployés, excluant ainsi les CRS et les gendarmes mobiles. La situation ne s'améliore pas pour autant, bien au contraire. Alors que les émeutes se prolongent, un policier de la sécurité publique fait usage de son arme à une reprise au milieu du chaos, atteignant mortellement un adolescent, Christian Marajo (15 ans). Peu après, à quelques rues de là, Edmond Eloi Véronique (20 ans) est gravement blessé d'une balle dans le ventre par un tireur qui restera non identifié. Trouvé et transporté à l'hôpital par des gendarmes, le jeune homme succombera à sa blessure. Le décès de ces deux jeunes gens provoque évidemment des violences encore plus intenses, les émeutes atteignant leur paroxysme. En fin de soirée, on déplore 19 gendarmes et 21 policiers blessés, plus ou moins gravement.
Le 22 décembre 1959, ce sont les gendarmes qui sont chargés de contenir les violences. C'est dans ce contexte que le Sous-Lieutenant Guy Deliot est amené à intervenir. Dans la soirée, trois commissariats sont incendiés et plusieurs véhicules de la Police Nationale sont détruits. Les Sapeurs-Pompiers sont attaqués et leur matériel est dégradé. Surplombés par une foule particulièrement hostile, trois pelotons temporaires de Gendarmerie se retrouvent isolés, bombardés de projectiles en tout genre. Au cours de cette action, le Sous-Lieutenant Deliot est atteint à la tête par des jets de pierres mais continue, malgré une grave blessure, à assurer sa mission. Face aux agressions, les gendarmes finissent par ouvrir le feu pour se dégager. Julien Betzi (19 ans) est atteint au thorax par une balle et les émeutiers hissent des drapeaux blancs pour permettre son évacuation vers un hôpital. Le jeune homme décédera peu après et la confrontation reprendra de plus belle. En fin de soirée, la Gendarmerie déplore une vingtaine de militaires blessés dont 10 gravement.
Les évènements prendront fin le 26 décembre 1959. Une trentaine d'émeutiers ont été interpellés (dont un accusé d'avoir utilisé une arme à feu) mais 3 seulement seront condamnés. Le nombre de blessés parmi les émeutiers est incertain, cependant 6 personnes ont été blessées par les tirs de gendarmes, de policiers ou d'individus non identifiés. À plusieurs reprises, les forces de l'ordre affirmeront que des émeutiers ont fait usage d'armes à feu, ce qui restera incertain. Néanmoins, l'utilisation de cocktails molotov et d'armes blanches ne fait aucun doute.
Hospitalisé depuis les faits, le Sous-Lieutenant Deliot décède des suites de sa blessure le 30 mars 1960 et le responsable de sa mort ne sera jamais identifié.
Si le nombre de trois morts parmi les émeutiers ou les passants n'est pas contesté, le nombre de morts parmi les forces de l'ordre est sujet à débat. En effet, la mort de l'officier survenue 3 mois après les faits n'a jamais été annoncée dans la presse et un rapport d'une commission d'enquête, datant de 2016, l'évoquait même comme une « simple rumeur »... Dans ce même rapport, des témoignages faisaient état du lynchage de deux policiers motocyclistes durant les émeutes. Toujours selon ces témoins, l'un des policiers aurait été tué.
Si le nombre de trois morts parmi les émeutiers ou les passants n'est pas contesté, le nombre de morts parmi les forces de l'ordre est sujet à débat. En effet, la mort de l'officier survenue 3 mois après les faits n'a jamais été annoncée dans la presse et un rapport d'une commission d'enquête, datant de 2016, l'évoquait même comme une « simple rumeur »... Dans ce même rapport, des témoignages faisaient état du lynchage de deux policiers motocyclistes durant les émeutes. Toujours selon ces témoins, l'un des policiers aurait été tué.
Né le 15 août 1922 à Buxières-les-Mines (03), le Sous-Lieutenant Guy Deliot affichait 19 ans de services dans la Gendarmerie et était affecté à la Légion de Gendarmerie des Antilles et de Guyane. À titre posthume, il reçoit la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur et la Médaille de la Gendarmerie. Durant la seconde guerre mondiale, alors sous-officier, il avait rejoint la Résistance (ORA). Marié et père de trois enfants, il avait 37 ans.
Sources :
- Livre d'or de la Gendarmerie année 1961
-https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/164000717.pdf
-https://www.lemonde.fr/archives/article/1959/12/24/echauffourees-a-fort-de-france_2165084_1819218.html
-https://www.lemonde.fr/archives/article/1959/12/25/couvre-feu-a-fort-de-france-ou-ont-eclate-de-nouveaux-incidents_2164487_1819218.html
-https://www.lemonde.fr/archives/article/1959/12/26/une-mise-au-point-du-cabinet-de-m-soustelle_2165198_1819218.html
-https://actu.fr/pays-de-la-loire/la-chartre-sur-le-loir_72068/solange-raconte-son-passe-de-resistante-dans-un-livre_10831500.html
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