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Maurice Castaing, Jean-Marie Ejarque, Edouard Geeraert, René Milon, Antoine Monciaud, Jean Franiatte, Jean Lemaitre, Paul Morin, Claude Chesnau, Alexandre Tinet, Marcel Carmagnat, Jean-Pierre Lefin, Maurice Robert et Lucien Caïs 24 janvier 1960

De gauche à droite et de haut en bas : Lieutenant Maurice Castaing (31 ans),
 Lieutenant Jean-Marie Ejarque (38 ans), Adjudant Edouard Geeraert (47 ans),
 Maréchal des Logis-Chef René Milon (47 ans), Maréchal des Logis-Chef
 Antoine Monciaud (32 ans), Maréchal des Logis-Chef Jean Franiatte (37 ans),
 Gendarme Jean
 Lemaitre (39 ans), Gendarme Paul Morin (35 ans), Gendarme
 Claude Chesnau (24 ans), Gendarme Alexandre Tinet (25 ans),
 Gendarme
 Marcel Carmagnat (31 ans), Gendarme Jean-Pierre Lefin (28 ans), Gendarme
 Maurice Robert (24 ans) et
 Gendarme Lucien Caïs (31 ans), tués en service
 commandé. Durant la guerre d'Algérie, déployés en
 opération de rétablissement
 de l'ordre pour disperser une manifestation interdite de partisans de l'Algérie
 française, ont été pris pour cibles par des attroupements armés et ont fait
 preuve d'une grande retenue dans la riposte. Au milieu du chaos où
 plusieurs dizaines de leurs camarades ont été gravement blessés,
 sont tombés sous les balles
, Victimes du Devoir.

Dans la matinée du 24 janvier 1960 à Alger (Algérie), une manifestation interdite par les autorités a lieu en centre-ville, rassemblant environ 30 000 personnes opposées à l'indépendance de l'Algérie et inquiets du revirement politique en faveur de l'autodétermination. Des membres des Unités Territoriales (formation spécifique créée 5 ans plus tôt et destinée à renforcer les forces de l'ordre durant la guerre) sont présents en nombre avec leur armement pour afficher ouvertement leur soutien à la protestation. Des discours radicaux sont prononcés par les meneurs avec des haut-parleurs. Vers 16 heures, des barricades sont dressées et gardées par des hommes armés. À la tombée de la nuit vers 18 heures, les autorités donnent l'ordre de dispersion au vu de l'excitation grandissante. 15 escadrons de Gendarmerie Mobile convergent sur les lieux (soit environ 1200 gendarmes) tandis que des parachutistes du 1er RCP et du 1er REP (Armée de Terre) doivent les rejoindre en renfort pour effectuer une jonction.

Le maintien de l'ordre se fait fusil en main mais les armes ne sont cependant pas approvisionnées. Muni d'un haut-parleur, le Colonel Jean Debrosse invite la foule à quitter les lieux ce qui n'a guère d'effet. Les gendarmes mobiles se retrouvent dès le début de leur progression sous une pluie de projectiles et d'insultes. Une première grenade défensive est jetée en direction du service d'ordre, sans faire de blessé. Dans la foulée, les premiers coups de feu retentissent alors que les militaires continuent d'avancer crosses à l'avant vers une foule particulièrement hostile. La première riposte se limite strictement à l'emploi des grenades lacrymogènes. Rapidement, des escadrons sont visés par de nombreux tirs. Perchés sur des balcons, depuis les fenêtres des bâtiments ou dans la rue derrière des barricades, des individus se défoulent avec des armes à feu automatiques ou semi-automatiques (dont au moins un fusil-mitrailleur) quand d'autres font rouler des pneus bourrés d'explosifs ou lancent des grenades. Les explosions sont audibles à plusieurs kilomètres.

Face à un état de légitime défense incontestable et devant la crainte de lourdes pertes, l'autorisation d'approvisionner les armes est donnée. Les gendarmes répliquent ainsi de manière mesurée tout en se retirantLa fusillade aura duré une vingtaine de minutes. Visés par plus d'un millier de coups de feu, les gendarmes ont riposté en tirant seulement 
68 cartouches. Certains blessés sont évacués par leurs camarades sous un fracas épouvantable tandis que d'autres ne peuvent pas l'être. Des émeutiers, dont les ressentiments sont attisés par les meneurs, se ruent sur des gendarmes au sol. Aidés par les manifestants les moins radicaux, d'autres ont plus de chance et ils parviennent à se réfugier dans des endroits sûrs. Quelques blessés graves reçoivent rapidement les premiers soins de la part d'habitants. L'affrontement prend fin avec l'arrivée des parachutistes peu après 18 heures 30, lesquels s'emploient désormais à protéger les gendarmes isolés face aux lynchages.

Le bilan définitif, établi plusieurs jours après, s'élève à 14 gendarmes tués, 59 gendarmes gravement blessés (dont 53 par balles) ainsi que 8 émeutiers ou manifestants tués (dont 3 membres des UT) et 34 gravement blessés. Les 2 officiers et les 12 sous-officiers de la Gendarmerie mortellement atteints sont :
- le Lieutenant Maurice Castaing, tué le 24 janvier 1960 ;
- l'Adjudant Edouard Geeraert, tué le 24 janvier 1960 ;
- le Gendarme Jean Lemaitre, tué le 24 janvier 1960 ;
- le Gendarme Paul Morin, tué le 24 janvier 1960 ;
- le Maréchal des Logis-Chef Jean Franiatte, tué le 24 janvier 1960 ;
- le Gendarme Claude Chesnau, tué le 24 janvier 1960 ;
- le Maréchal des Logis-Chef Antoine Monciaud, tué le 24 janvier 1960 ;
- le Gendarme Alexandre Tinet, tué le 24 janvier 1960 ;
- le Gendarme Marcel Carmagnat, tué le 24 janvier 1960 ;
- le Gendarme Jean-Pierre Lefin, tué le 24 janvier 1960 ;
- le Maréchal des Logis-Chef René Milon qui succombe à ses blessures le 25 janvier 1960 ;
- le Gendarme Maurice Robert qui succombe à ses blessures le 25 janvier 1960 ;
- le Gendarme Lucien Caïs qui succombe à ses blessures le 26 janvier 1960 ;
- le Lieutenant Jean-Marie Ejarque qui succombe à ses blessures le 27 janvier 1960.

Aucun tireur ne sera jamais identifié. Malgré des faits clairement établis, une partie de la presse affirmera que la fusillade est à l'initiative des gendarmes, aggravant le ressentiment des « pieds-noirs » à leur encontre dans un contexte déjà très difficile.

Durant la semaine des barricades qui suivit à Alger, plus de 700 armes à feu (principalement des armes automatiques), plus de 75 000 cartouches, près de 530 grenades et plusieurs kilos d'explosifs divers sont saisis sur les manifestants par les forces de l'ordre. Certains organisateurs de la manifestation, dont Pierre Lagaillarde, Joseph Ortiz, Jean-Jacques Susini, Robert Martel et Marcel Ronda, sont jugés puis condamnés par contumace mais ils se réfugieront en Espagne d'où ils créeront l'OAS. Tous bénéficieront finalement d'une loi d'amnistie en 1968.

Né le 27 mai 1928 à Paris (75), le Lieutenant Maurice Castaing était affecté à la 6ème Légion de Gendarmerie Mobile. À titre posthume, il reçoit la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). Il avait 31 ans.

Né le 25 juillet 1921 à Frontignan (34), le Lieutenant Jean-Marie Ejarque était affecté à la 8ème Légion de Gendarmerie Mobile. Il reçoit la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze) à titre exceptionnel et la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume. Il avait 38 ans.

Né le 02 décembre 1912, l'Adjudant Edouard Geeraert était affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile 3/6 bis de Saint-Mihiel (55). Déjà décoré de la Médaille Militaire, il reçoit la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze) à titre posthume. Il avait 47 ans.

Né le 25 décembre 1912 au Mené (22), le Maréchal des Logis-Chef René Milon affichait 25 ans de services dans la Gendarmerie et était affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile 4/3 de Saint-Servan (35). Vétéran de la seconde guerre mondiale, déjà décoré notamment de la Médaille Militaire et de la Médaille Commémorative 1939-1945, il reçoit la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur, la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze) et la Croix de la Valeur Militaire (avec palme de bronze) à titre posthume. Marié, il avait 47 ans.

Une caserne de Gendarmerie à Dinard (35) porte le nom du MDC Milon.

Né le 18 août 1927, le Maréchal des Logis-Chef Antoine Monciaud était affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile 5/8 de Moulins (03). À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze) et la Croix de la Valeur Militaire (avec palme de bronze). Il avait 32 ans.

Né le 26 mai 1922, le Maréchal des Logis-Chef Jean Franiatte était affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile 1/6 bis de Verdun (55). À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire, la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze) et la Croix de la Valeur Militaire (avec palme de bronze). Il avait 37 ans.

La 385ème promotion de sous-officiers de Gendarmerie de l'école de Chaumont (2001) porte le nom du MDC Franiatte.

Né le 16 avril 1920, le Gendarme Jean Lemaitre était affecté à la 1ère Légion bis de Gendarmerie Mobile. Vétéran d'Indochine déjà décoré de la Médaille Militaire, il reçoit la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze) à titre posthume. Il avait 39 ans.


Né le 26 février 1924 à Mellé (35), le Gendarme Paul Morin était affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile ?/3 d'Argentan (61). À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). Il avait 35 ans.


La 62ème promotion de SOG de l'école du Mans (2000) porte le nom du GND Morin.


Né le 03 juillet 1935, le Gendarme Claude Chesnau était affecté à la 6ème Légion bis de Gendarmerie Mobile. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). Il avait 24 ans.

La 4ème promotion de SOG de l'école de Châteaulin (2003) porte le nom du GND Chesnau.

Né le 28 janvier 1934 à Guéret (23), le Gendarme Alexandre Tinet était affecté à la 8ème Légion de Gendarmerie Mobile. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). Il avait 25 ans.


Né le 04 février 1928, le Gendarme Marcel Carmagnat était affecté à la 10ème Légion de Gendarmerie Mobile. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). Il avait 31 ans.


Né le 24 janvier 1932 à Amiens (80), le Gendarme Jean-Pierre Lefin affichait 6 ans de services dans l'Armée de Terre, 4 ans de services dans la Gendarmerie et était affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile 1/10 d'Alger. 
Vétéran d'Indochine, il reçoit la Médaille Militaire, la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze) et la Croix de la Valeur Militaire (avec palme de bronze) à titre posthume. Fils d'un officier de l'Armée de Terre, marié et père d'un enfant, il avait 28 ans.

La 375ème promotion de SOG de l'école de Chaumont (1998) porte le nom du GND Lefin.

Né le 06 avril 1935 à Savignac-Lédrier (24), le Gendarme Maurice Robert affichait 1 an de services dans la Gendarmerie et était affecté à l'Escadron de Gendarmerie Mobile 1/6 bis de Verdun. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire, la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze) et la Croix de la Valeur Militaire (avec palme de bronze). Marié et père d'un enfant qui naîtra après son décès, il avait 24 ans.

La 379ème promotion de SOG de l'école de Chaumont (1999) porte le nom du GND Robert.

Né le 28 mars 1928, le Gendarme Lucien Caïs était affecté à la 10ème Légion de Gendarmerie Mobile. À titre posthume, il reçoit la Médaille Militaire et la Médaille de la Gendarmerie (avec grenade de bronze). Il avait 31 ans.


(merci de me contacter si vous avez plus d'informations à ce sujet)
Sources :
- Livre d'or de la Gendarmerie année 1960
-https://abonnes.lemonde.fr/archives/article/1960/12/22/les-juges-militaires-ne-posent-aucune-question-aux-temoins-parlementaires-mais-continuent-de-s-interesser-a-l-origine-de-la-fusillade-du-24-janvier_2105379_1819218.html
-https://abonnes.lemonde.fr/archives/article/1960/12/31/le-temoignage-du-colonel-debrosse-a-ete-accablant-pour-les-emeutiers-les-gendarmes-mobiles-pris-sous-le-feu-des-emeutiers-avant-d-avoir-pu-se-deployer-se-sont-trouves-en-etat-de-le_2104043_1819218.html
-https://abonnes.lemonde.fr/archives/article/1961/01/06/huit-officiers-de-gendarmerie-ont-fait-vivre-au-tribunal-les-realites-de-la-fusillade-du-24-janvier_3144268_1819218.html
-https://abonnes.lemonde.fr/archives/article/1960/12/30/le-general-morin-qui-commandait-la-gendarmerie-de-la-xe-region-declare-qu-il-y-a-eu-le-24-janvier-un-mauvais-coup-premedite_3141213_1819218.html
-https://abonnes.lemonde.fr/archives/article/1961/01/12/une-confrontation-entre-le-colonel-debrosse-et-le-commandant-laffargue-demeure-necessaire_2262492_1819218.html
-https://abonnes.lemonde.fr/archives/article/1961/01/13/le-tribunal-entend-d-anciens-hauts-fonctionnaires-de-la-delegation-generale-et-des-temoins-de-la-fusillade_2260977_1819218.html
-https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/politique-africaine/24-janvier-1960-le-debut-de-la-semaine-des-barricades-a-alger-pendant-la-guerre-dalgerie_3798117.html
-https://www.valeursactuelles.com/histoire/tragiques-barricades-26144
-https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-martin-du-fouilloux-49170/alger-1960-la-violence-etait-partout-3423816
-https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/politique-africaine/24-janvier-1960-le-debut-de-la-semaine-des-barricades-a-alger-pendant-la-guerre-dalgerie_3798117.html
-http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr

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